Séjour aux açores
Portugal
Septembre 2018

Martine Racette à Sao Miguel du 13 au 27 septembre 2018

Ponta Delgada

Il fait nuit quand l’avion se pose à Ponta Delgada. À peine dix minutes séparent l’aéroport de notre hôtel (rue Machado dos Santos), mais c’est suffisant pour entrevoir des palmiers, nous rendre compte que nous roulons sur des pavés et comprendre que nous n’avons ici aucun repère. Ce sera encore plus flagrant à la lumière du jour : une architecture nouvelle où prédominent la pierre de basalte et le liais, des rues étroites revêtues de pavés, oui, mais aussi de magnifiques trottoirs de mosaïque, dont les motifs varient d’un quartier à l’autre et… la montagne et la mer à deux pas. L’œil est sollicité, mais aussi l’oreille : le carillon de Sao Sebastiao, qui sonne les heures et, le dimanche, fredonne des airs religieux; le vrombissement des avions qui nous passent au ras de la tête en décollant; la sirène du paquebot ancré dans le port qui rameute les passagers éparpillés dans la ville. Une ville aux dimensions humaines, sûre, belle, animée et sage à la fois où, après un jour ou deux, nous avons nos habitudes au Café central, face à l’église, et à la gelateria-pâtisserie Intz48 sur la rue Hintze Ribero. Une ville avec des cafés, des boutiques, des musées et des églises, beaucoup d’églises, de toutes les tailles, depuis l’ermitage qui se trouve en face de notre hôtel à l’église principale de Sao Sebastiao, en passant par l’ancien couvent qui abrite le christ des miracles. Une ville qui prend le temps de vivre, où le piéton est roi et où l’on se retrouve en famille le dimanche après la messe.

Les portes emblématiques de la ville, et un exemple de mosaïque.

La montagne, la mer, le paquebot.

Le port.

 

Sete Cidades

Première visite hors Ponta Delgada. S’y rendre suppose plusieurs arrêts le long d’une route aux mille découvertes, depuis les crêtes verdoyantes où sont perchées des vaches jusqu’aux points de vue imprenables sur la mer et sur Ponta Delgada au loin. Il y a aussi les collines ondoyantes, où l’on devine l’impulsion des poussées volcaniques, l’aqueduc, dont on croirait qu’il est l’œuvre des Romains et le terrain de jeux de l’enfance de notre guide Sérgio, où il nous cueille des mûres. À destination, c’est depuis le point culminant du « belvédère du roi » que s’apprécie le mieux le contraste des lacs jumeaux de Sete Cidades : le Lagoa Verde et le Lagoa Azul. La légende veut que les deux lacs de cratère soient remplis des larmes d’une princesse (le lac bleu) et d’un berger (le lac vert) ayant pleuré leurs amours impossibles. On sait bien que la couleur des eaux trouve son explication dans un phénomène tout naturel, mais on n’en a rien à faire… 

 

La cueillette de mûres,  les collines ondoyantes, la mer au loin.

 

Les vaches haut perchées.

 

Lagoa Verde, Lagoa Azul.

 

Les hortensias

En gros bouquets, ils longent les routes, ornent le flanc des montagnes, parent les jardins. Ils sont partout, au point d’être devenus avec les vaches, omniprésentes, l’emblème de l’île de Sao Miguel. En cette fin de septembre, ils sont un peu flétris, ils ont pâli, leur magie s’est estompée. Sauf au détour de cette route, où la nature nous a réservé une surprise : les hortensias éclatent de mille feux, dans un dernier sursaut de bleu, comme s’ils nous avaient attendus avant de se préparer pour l’hiver. Une vision saisissante, captée à travers un pare-brise de voiture, trop vite. J’y retournerai.

 

Le ventre de la terre

On se prend à penser que l’enfer est juste là sous nos pieds. À Furnas, la terre fume, crache de la boue et de l’eau bouillantes. Il y fait assez chaud pour y faire cuire à même des trous creusés dans le sol de grosses marmites de ragoût – le traditionnel Cozido das Furnas – préparées par des restaurants des alentours. L’odeur du soufre se mêle au parfum des mijotés. Partout, de la roche volcanique. On se dit que les entrailles de Sao Miguel pourraient surgir n’importe quand. Mais c’est une pensée fugace, vite dissipée dans les effluves du ragoût savoureux que nous partageons avec Sérgio.

On sort les marmites de la terre. Vite, au resto!

 

Les azulejos

« Le mot azulejo vient de l'arabe « al zulaydj » زليج, petite pierre polie, et non du portugais ou de l'espagnol « azul », bleu. Cette étymologie pourrait sembler évidente puisque la couleur bleue est la plus fréquemment utilisée, mais elle est erronée. Dixit Wikipedia. Zut, et moi qui croyais que j’allais apprendre quelque chose à notre guide, qui n’avait pas fait le lien : j’étais convaincue que les mosaïques qui ornent églises, monuments et immeubles devaient leur nom à  leur couleur. Autant pour moi, comme on dit. Mais les azulejos n’en demeurent pas moins magnifiques.

Photo panoramique d’une partie des azulejos de la chapelle Nossa Senhora da Esperança; ils datent du 18e siècle.

Ceux de l’ermitage Nossa Senhora da Paz, le monument sans doute le plus photographié de Sao Miguel.

Un azulejo moderne représentant une scène de pêche à la baleine.

 

Lugar de Praia

Les habitants du village n’ont pas peur. Pourtant, tout autour, des pans de parois rocheuses instables se sont déjà effondrés. Mais c’est en vain que l’État a offert à ceux qui sont le plus menacés de les reloger. Leur attachement à ce petit coin de pays tout pentu est plus fort que tout. À la grâce de Dieu. Si notre guide nous y a emmenés, c’est pour nous montrer où sa mère a grandi. Pour demander à Jaime de nous ouvrir la petite centrale hydroélectrique devenue musée. Pour emmener François tout là-haut, là où coule une petite chute.

Assise sur un muret, par une chaleur intense, je n’ai pour seuls compagnons que le chat qui se prélasse sur le pas d’une porte et le gazouillis de la source toute proche où il fait si bon se désaltérer. Comment résister, alors que les garçons tardent à revenir, à l’invitation d’une dame qui, par des gestes éloquents, me fait comprendre que je devrais venir me mettre à l’abri du soleil dans sa maison? C’est une chance inouïe d’accéder à l’intimité d’une demeure portugaise que je ne laisserai pas passer. La barrière de la langue nous empêchera toutefois de communiquer comme nous l’aurions souhaité, mais je comprends que ce sont ses petits-enfants que l’on voit sur les photos accrochées aux murs, qu’elle-même a une santé très fragile et qu’elle a de la famille au Canada. Il fait sombre dans la maison proprette, il y a beaucoup de meubles dont je soupçonne qu’ils ne servent pas souvent, et je ne peux m’empêcher de penser que la solitude doit peser lourd dans cette demeure déserte au coeur d’un très joli village par trop paisible.

À sa fenêtre, la dame qui m’a accueillie.

Les rues pentues et la paroi menaçante.

Les rues désertes et la source d’eau pure venue de la montagne.

Mon compagnon.

 

Nordeste

Je ne sais pas pourquoi nous avons hésité. Pressentions-nous que le surlendemain, jour de notre retour au Canada, serait rocambolesque?  Nous venions de sillonner Sao Miguel dans tous les sens, et seule subsistait cette pointe au nord-est de l’île, au bout d’une route ascendante toute en lacets. Une excursion d’une journée complète. Bref, c’est in extremis que j’ai réservé notre cinquième et dernière visite auprès de Sérgio.

La décision de nous rendre dans la région de Nordeste m’était revenue et tout le long de notre randonnée, je me suis félicitée d’avoir cédé à l’envie de me gaver encore et encore de beauté, d’entendre la mer se fracasser contre la falaise et d’écouter Sérgio nous raconter son île.

Sous les gros nuages gris qui n’ont jamais éclaté, les verts de la végétation semblaient encore plus vibrants et le chant des cascades plus cristallin, la mer se faisait encore plus tumultueuse et l’air plus vif. Comme pour un au revoir plein d’émotions.

Les verts plus vibrants…

Le chant cristallin des cascades... et les falaises abruptes.

 

Mes autres coups de cœur…

 

Praia do Populo

Ses eaux bleu marine, ses pierres volcaniques, son sable noir.

 

La vallée des Furnas et le jardin botanique Terra Nostra

  

son lac de cratère, le Lagoa das Furnas, sur les rives duquel mijotent les marmites contenant le traditionnel Cozido das Furnas

avec aussi ses eaux et ses boues fumantes,

son magnifique jardin botanique, Terra Nostra, qu’on dirait tropical,

où l’on peut se baigner dans des eaux chaudes ferrugineuses qui sentent le soufre.

 

Les caldeiras et les eaux thermales

… des caldeiras velhas, bassins où se rejoignent l’eau glacée de la montagne et celle brûlante du ventre de la terre. On vient s’y baigner, en amoureux ou non, dans un décor bucolique.

 

Comment ai-je pu oublier…

… Mosterios et Ferraria, sur la côte ouest, avec l’eau bleu marine de la mer, les piscines naturelles où l’on s’agrippe aux câbles tendus là pour ne pas être emporté par les vagues et le relief découpé de la côte…

…ou cet après-midi passé à Praia do Populo, parée de sable noir et de pierre volcanique?

 

Enfin, je n’ai pas mentionné…

… le petit détour par Maia, pour visiter l’ancienne plantation de tabac et la plantation de thé, toujours en activité.

 

 

 

 

 

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